Depuis plusieurs années, l’intelligence artificielle s’est immiscée progressivement dans notre quotidien, souvent de manière discrète. Nous l’utilisons parfois sans même en avoir conscience, notamment via nos smartphones. En ligne, nous échangeons avec des chatbots ; dans le domaine médical, elle appuie déjà le diagnostic, et bien d’autres usages se développent.
Mais depuis quelques mois, l’essor de l’IA générative a provoqué une accélération sans précédent. L’IA ne se contente plus de transformer nos pratiques : elle redéfinit désormais en profondeur le monde du travail.
Cette mutation n’appartient ni au futur ni à la théorie : elle est déjà à l’œuvre, tangible, massive et touche tous les secteurs. Nous sommes confrontés à la quatrième révolution industrielle, qui soulève une question essentielle pour les acteurs du dialogue social : comment s’assurer que cette révolution ne se fasse pas au détriment des travailleurs et de leurs droits ?
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Car l’intelligence artificielle n’est pas une technologie “neutre”. Elle peut réorganiser les processus, perturber les hiérarchies, redessiner les métiers, automatiser des décisions et fragmenter les responsabilités. Le rapport même au travail s’en trouve transformé.__
Avec ces évolutions, c’est la place de chacun dans l’organisation, la reconnaissance professionnelle, la santé mentale, l’autonomie et le sens du travail qui sont en jeu.
Face à ces défis, l’UNSA appelle à faire de l’IA un axe central du dialogue social pour les années à venir — non dans une logique défensive ou d’adaptation contrainte, mais dans une démarche d’anticipation, d’encadrement et de progrès social.
Le point de départ est évident : le travail. Le travail réel, concret. C’est à partir de l’observation précise des usages de l’IA dans les lieux de production que doivent s’engager les négociations. L’objectif n’est pas de s’adapter à l’IA, mais d’en définir collectivement les conditions d’acceptabilité, d’utilité et, surtout, d’humanité.
Déjà aujourd’hui, de nombreuses entreprises introduisent des agents d’intelligence artificielle générative dans leurs processus de production, leurs services RH ou leur relation client. Ces pratiques soulèvent des questions essentielles : qualité du travail, éthique, protection des données, évaluation des performances, rapports de pouvoir. Sans cadre solide, ces technologies ouvrent de nouvelles zones grises dans le monde professionnel, ce qui est, pour l’UNSA, inacceptable.
Dans ce contexte, renforcé par la situation financière critique dans laquelle se trouve notre établissement, l’UNSA INPI a demandé lors de la FSSSCT du 13 novembre dernier la création d’un groupe de travail sur le sujet. Nous renouvellerons notre demande à l’occasion du CSA qui se tient jeudi 4 Décembre en présence du Directeur général.
Restons tous mobilisés sur ce sujet qui risque, dans un avenir proche, d’impacter fortement nos conditions de travail, nos métiers et nos emplois.