Déclaration liminaire du syndicat UNSA INPI à l’occasion du CSA du 4 Décembre 2025

Monsieur le Directeur général,

Depuis plusieurs années, l’intelligence artificielle s’est immiscée progressivement dans notre quotidien, souvent de manière discrète. Nous l’utilisons parfois sans même en avoir conscience, notamment via nos smartphones. En ligne, nous échangeons avec des chatbots ; dans le domaine médical, elle appuie déjà le diagnostic, et bien d’autres usages se développent.

Mais depuis quelques mois, l’essor de l’IA générative a provoqué une accélération sans précédent. L’IA ne se contente plus de transformer nos pratiques : elle redéfinit désormais en profondeur le monde du travail.

Cette mutation n’appartient ni au futur ni à la théorie : elle est déjà à l’œuvre, tangible, massive et touche tous les secteurs. Nous sommes confrontés à la quatrième révolution industrielle, qui soulève une question essentielle pour les acteurs du dialogue social : comment s’assurer que cette révolution ne se fasse pas au détriment des travailleurs et de leurs droits ?

Car l’intelligence artificielle n’est pas une technologie “neutre”. Elle peut réorganiser les processus, perturber les hiérarchies, redessiner les métiers, automatiser des décisions et fragmenter les responsabilités. Le rapport même au travail s’en trouve transformé.

Avec ces évolutions, c’est la place de chacun dans l’organisation, la reconnaissance professionnelle, la santé mentale, l’autonomie et le sens du travail qui sont en jeu.

Face à ces défis, l’UNSA appelle à faire de l’IA un axe central du dialogue social pour les années à venir — non dans une logique défensive ou d’adaptation contrainte, mais dans une démarche d’anticipation, d’encadrement et de progrès social.

Le point de départ est évident : le travail. Le travail réel, concret. C’est à partir de l’observation précise des usages de l’IA dans les lieux de production que doivent s’engager les négociations. L’objectif n’est pas de s’adapter à l’IA, mais d’en définir collectivement les conditions d’acceptabilité, d’utilité et, surtout, d’humanité.

Déjà aujourd’hui, de nombreuses entreprises introduisent des agents d’intelligence artificielle générative dans leurs processus de production, leurs services RH ou leur relation client. Ces pratiques soulèvent des questions essentielles : qualité du travail, éthique, protection des données, évaluation des performances, rapports de pouvoir. Sans cadre solide, ces technologies ouvrent de nouvelles zones grises dans le monde professionnel, ce qui est, pour nous, inacceptable.

Alors que certains pourraient être tentés de considérer l’IA comme une solution miracle pour réduire les déficits publics, il est essentiel que l’utilité réelle de ces nouveaux outils soit rapidement placée au cœur du dialogue social à l’INPI. L’IA doit être mise au service des collaborateurs afin d’améliorer la qualité du service rendu aux usagers et non pas utilisée principalement pour répondre à des objectifs de rentabilité en remplaçant ces mêmes collaborateurs par des services automatisés et standardisés ?

Nous le répétons depuis longtemps, la force de l’INPI, ce sont ses collaborateurs. Pour continuer à remplir nos missions avec la même efficacité qu’aujourd’hui, nous avons besoin de plus de ressources humaines, plus de collaborateurs, travaillant dans de bonnes conditions et obtenant la considération et la reconnaissance qu’ils méritent.

Dans ce contexte, et afin d’engager une réflexion collective sur ces enjeux majeurs, nous vous demandons, Monsieur le Directeur général, la mise en place prochaine d’un groupe de travail dédié à ce sujet.